Caroline s'en va.
Vous ne m’avez pas invité à votre pot de départ, chère Caroline et pourtant je vous aimais bien, au moins tout autant qu’un autre de vos fans. Vous terminez votre carrière de joueuse de tennis professionnelle après une dernière défaite sur le court Suzanne-Lenglen de Roland-Garros. Comparée à Rafael Nadal qui la veille, toujours à Roland-Garros organisait son énième pot de départ, lequel pouvait s’enorgueillir de 14 tournois victorieux sur notre chère terre battue, vous, vous ne pouvez aligner qu'un nombre conséquent de défaites. Ainsi vous n’avez guère forcé votre talent, lors de ce dernier match car vous fûtes vaincue par une demoiselle largement à votre portée. Vous aviez la tête ailleurs. Vous étiez décidée à partir quoi qu’il vous en coûte. Il était inutile de s’éterniser. Ce fut un pot de départ simple avec discours de circonstance et sur votre joue une petite larme tout de même. Moi aussi j’étais ému.
Vont-ils vous manquer ces tournois internationaux où vous avez si souvent été battue et où vous détenez le record, non homologué, des doubles fautes au service ? Doubles fautes qui me mettaient en rage depuis mon fauteuil. Je rêvais pour vous d’une victoire audacieuse, d’un couronnement avec une coupe énorme et un gros chèque, des tribunes survoltées vous applaudissant debout et au ciel des anges chantant vos louanges. Ce que c’est que l’amour… Votre coach aussi devait écumer. Il lui en fallait du courage à ce pauvre homme qui par tous les temps assistait impuissant à vos défaites... Que va-t-il faire désormais, probablement entamer une longue cure en maison de repos, loin du tennis. Peut-être deviendra-t-il plus tard l’animateur d’un club de boulistes dans un village perdu entre la mer et la montagne ?
Je ne reverrai plus votre silhouette sexy qui collait si bien avec la mode des jupettes ultracourtes. Je n’essaierai plus de deviner ce qui se cachait dans vos yeux bruns, un tantinet égarés lorsque la chipie en face avait le culot de mener ou lorsque vous envoyiez, encore, la balle dans le filet. (À propos de balle j’aimerais bien que l’on m’explique quel est le critère qui fait qu’un joueur accepte ou rejette une balle avant de servir ?) Je n’oublierai jamais votre peau mate qui soulignaient si bien vos origines de fille du sud, votre sourire un brin vorace, et finalement vos matchs gagnés en dépit de tous les pronostics. Car vous en avez gagnés quand le feu sacré brûlait encore en vous. Vous avez trouvé l’amour, tant mieux, rien de plus noble que cette victoire, mes souhaits vous accompagnent.
Demain ou après-demain ce sera au tour de Richard de faire son pot de départ, lui aussi était assez souvent donné comme le probable vaincu avant même d’avoir pénétré sur le court. Ce que c’est qu’une réputations. Mais que les parieurs se rassurent la relève est là et le public de Roland-Garros qui soutiendrait un joueur unijambiste, pourvu qu’il soit français est là lui aussi à donner de la voix. Quel dommage que le tournois ne s’arrête pas en 16 ème de finale, nous aurions alors peut-être quelques vainqueurs nationaux pour flatter notre chauvinisme !
Si les joueurs s’en vont vers d’autres carrières, la télévision français ne change pas. Toujours les mêmes obligations de changer de chaînes et toujours les mêmes commentateurs. Ils prennent un tel plaisir à se montrer, à sourire d’aise devant la caméra que pour votre bonheur et le mien, je vous vois très bien parmi eux. Alors, à l’année prochaine chère Caroline.
Jean-Bernard Papi ©
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