À chacun son ennemi.

À chacun son ennemi. Je croyais écouter Jean Rigaux, formidable conteur quoiqu’un peu olé olé (cf. la Nuit de noce et les Histoires à faire rougir une écrevisse) et j’entends Pierre Rigaux, écolo, pro loup, anti chasse et ennemi du Comté. Pas ennemi des cultures de cannabis, non, ennemi du Comté, fromage dont la fabrication pollue selon ses dires la Loue une rivière, et que l’on me pardonne, inconnue au bataillon. Bon très bien l’affaire n’est pas nouvelle. Le lisier des cochons pollue le bord de mer en Bretagne ce qui vaut aux coopératives cochonières d’être incendiées par des énergumènes amateurs de boudins et de jambon certes, mais intransigeants sur la qualité des bains de mer. Les plaines du nord avec leurs champs de betteraves sucrière c’est pas beau, des rosiers feraient meilleur effet. Alors on interdit un insecticide autorisé chez les autres. La bestiole qui dévore les betteraves, après tout, fait partie de la biodiversité. C’est une tactique : interdire les insecticides ou les engrais pour tarir les cultures qui déplaisent.
Certes l’eau de quelques rivières est polluée par les activités humaines comme par les animaux sauvages de proximité, mais qui la boit, qui s’y baigne ? La pollution humaine existe depuis la nuit des temps à des niveaux divers et elle ne détruit pas obligatoirement la faune et la flore. Pensez-vous que la batellerie jadis, les lavoirs et l’abattage des animaux de boucherie tel qu’il se pratiquait jusqu’après la guerre dans ma ville, avec le sang et la sanie qui s’écoulaient dans le fleuve ne polluait pas ? Et pourtant tout le monde s’en accommodait, pêchait et faucardait sans crainte.
Certains n’aiment pas les calvaires, les églises au point de les incendier, d’autres détestent les synagogues et leurs croyants, quelques-uns balancent des hures de sangliers ou de porcs devant les mosquées. Il n’y a que les Pastafarien qui ne sont pas attaqués. Et aussi les adorateurs des animaux, des arbres et des sites ésotériques genre Stonehenge ; de bien braves gens inoffensifs qui ne voudraient pour rien au monde qu’un arbre fut coupé, qu’un animal meure ou qu’une pierre levée fut déplacée.
D’autres vous encrassent l’esprit sans vergogne avec leurs tracts pour foires et marchés, leurs manifs et leurs meetings niveau zéro de l’intelligence. N’oublions pas ceux qui « savent » qui affirment et tranchent sur tous les sujets. Ah ! ceux-là c’est du précieux ! Les Nostradamus de l’information. Sans avoir la moindre expérience et la plus petite parcelle de modestie, ils s’improvisent agriculteurs, journaliste, juristes, économistes, urbanistes, sélectionneurs de foot mais hélas aussi ! justiciers et bourreaux... Il ne leur manque qu’un soupçon de cervelle et une once de bon sens pour être crédibles. Ainsi ceux qui enseignent l’agriculture aux agriculteurs après avoir cultivé un réséda en pot ou du persil sur leur balcon. Leurs aïeuls n’étaient-ils pas esclaves dans les villas romaines et cerfs chez un seigneur jusqu’à la révolution ? C’est simple, ils ont l’agriculture dans leurs gènes. Pas la culture, non ce serait trop demander.
Guéguerres et antagonismes, pèsent sur la France comme le cadavre d’un âne mort sur l’entendement d’un syndicaliste. Surtout si ce dernier est payé pour vous amener d’un point A à un point B sans délais. Emploi qui l’oblige à laisser sur le carreau et les voyageurs mortifiés et les marchandises le plus souvent possible parce que finalement il ne supporte pas de travailler quand d’autres voyagent.
Ainsi nous allons, en bataillons serrés, armés les uns contre les autres et si on vous demande qui sont ces gens toujours prêts à sacrifier leurs voisins et bien d’autres sur l’autel de l’altruisme et du bonheur pour tous ? Répondez : Ce sont des Français très ordinaires. Mais est-ce bien là les démocrates et la démocratie dont nous rêvons ? On a beau se dire que cette violence va passer, que c’est une mode, que la jeunesse a besoin de s’exprimer (sic) et la vieillesse de déblatérer, pour l’étranger lequel n’est pas à l’abri dans son pays, cela fait désordre. À qui la faute ? Aux leaders manipulateurs ivres de pouvoir et que rien n’arrête, à certaines familles qui feraient mieux d’élever des chèvres plutôt que des enfants, aux modèles vertueux qui ont disparu, aux bandes de voyous mal encadrées, mal surveillées, aux réseaux sociaux avant 16 ou 17 ans (1) etc. etc. Il ne fait pas de doutes que nous allons vers une révolution, l’histoire le dira mais en attendant il faudra écrémer. C’est un constat, rien de plus.
Jean-Bernard Papi ©
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Génération anxieuse de Jonathan Haidt (Les Arènes)
Illustration : "Massacre de la Saint Barthélémy" de François Dubois (1529/1584)
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