Jean-Bernard Papi, romancier, essayiste, nouvelliste et poète

                                                La littérature est un art de combat.  

Ma princesse.

Jeudi 28 Mars 2024
Ma princesse.
  J’ai vu à la télé la princesse Kate Middleton qui avouait, comme si c’était une faute, son cancer. Habillée comme une recluse d’un haut rayé à manches noir et blanc. (Un oreiller à manche, hi, hi). Et pour le bas d’un jean comme vous et moi. Sincèrement je ne m’imaginais pas une princesse sapée comme ça. Passe encore pour son visage pas maquillé et pâlot, mais ces vêtements de madame tout le monde, genre Mathilde Panot va au boulot, quel mauvais goût !
  Je me souviens des princesses habillées de satin, de tulle et d’organdi portant fièrement des colliers de diamants et pierres précieuses en veux-tu en voilà sur des nappés de dentelle. Avec leurs boucles d’oreilles qui scintillaient comme des lasers, elles ruisselaient de lumières ces nanas et elles souriaient, pas bégueules, comme des actrices de Hollywood césarisées. Ajoutons bagues et bracelets, plus pour faire joli et se marier au potelé du bras que pour en rajouter dans l’étincelle.
  Et les chaussures, du sur mesure en vair, - et non en verre comme l’écrivent les nuls (1) -, une fourrure colombine sur le dessus et blanche dessous, quelque chose qui vaut son pesant de papouilles pour quelqu’un qui a les moyens de l’offrir à sa dame. Quoique les cordonniers spécialistes du vair ne courent pas les rues, et puis il faut trouver les écureuils, accepter de les tuer et ce faisant détruire la biodiversité encore un coup... Je me contenterai de modestes chaussures en cuir de python ; si ça se trouve il y a plus de pythons que d’écureuils en Grande-Bretagne.
Et les bas, Kate dans ses godasses, je parie, avait mis des chaussettes de tennis blanche alors que les bas, par exemple des Dim-up blancs ou légèrement rosés, montant haut sur la cuisse, ça vous pose une princesse de bon genre et de mœurs simples, prête à danser le rock. Je n’irai pas plus loin de peur d’être indécent.
  J’allais oublier les gants et le chapeau, peu importe la couleur ou la texture des gants, leur seule utilité c’est de mettre une barrière entre les mains bien lavées aux ongles nacrés de la princesse et les paumes du vulgaire dont on ne sait ce qu’il a bien pu tripoter avant de se pointer. Avec le chapeau, on atteint des sommets, les princesses dont j’ai le souvenir ému se coiffaient d’un petit diadème de trois fois rien acheté place Vendôme (2) et posés sur des cheveux montés en chignon bouclé qui donnaient l’impression qu’elle venait de passer trois minutes chrono chez le coiffeur. Mais c’était beau et même sublime. Ajoutez une pincée de diamants ou quelques perles jetés négligemment dans les cheveux et vous oublierez le chapeau, ces plats à tartes dont elles s’affublent aujourd’hui ou ces bonnets ridicules qui conviennent pour le ski ou le jardin, ou pire encore : une casquette militaire.
  Les princesses d’aujourd’hui ne respectent plus les rêves des vieux adolescents comme moi, elles sont devenues les fonctionnaires d’une vague idée de monarchie… Je vais de ce pas me plonger dans Cendrillon à moins que ce soit dans La Princesse de Clèves…
Jean-Bernard Papi ©

(1) Littré dans son dictionnaire souligne l’absurdité d’un soulier de verre et donne l’autre nom de cette fourrure : le petit-gris.
(2) De Paris of course.

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