Jean-Bernard Papi, romancier, essayiste, nouvelliste et poète

                                                La littérature est un art de combat.  

Le voile à l'antenne.

Jeudi 17 Mars 2022


 
Le journal libanais Raseef22 -cité et traduit par Courrier International n°1636- fait état, une première, de l’apparition d’une journaliste voilée présentant le journal sur une chaine nationale de télévision algérienne. Jusqu’à présent il existait une volonté tacite de ne pas utiliser les services d’une journaliste en hidjab sur les écrans de la télévision d’état. « C’est quelque chose que nous attendions depuis de nombreuses années » affirme pourtant l’une des jeunes femmes évincées de l’antenne en 1994 pour raison de voile. Prodigieux retour en arrière. Rappelons que les grands-mères de ces dames brulèrent leur voile islamique en 1958 au pied des grille du gouverneur général à Alger. Que Gamal Nasser en 1950 fît rire ses auditeurs lors d’un discours où il affirmait que les niqabs, abaya, hidjabs et autre burqas n’étaient pas en odeur de sainteté en Egypte et que dans le même temps Bourguiba en Tunisie interdisait le voile chez les fonctionnaires, interdit qui existait déjà sous la férule d’Atatürk en Turquie depuis les années trente…
Signe de dévotion ? Une obligation que les théologiens contestent fermement, l’hidjab (ou rideau, séparation en arabe) n’est cité que 7 fois dans le Coran et de manière ambiguë. « Le voile n’est pas une obligation religieuse, signale l’imam Kalima Bahloul, c’est une question d’interprétation des textes ». Alors, marqueur identitaire et politique, élitisme, volonté masculine de mettre en avant le caractère « pervers et la nature mauvaise de la femme » ou simplement une mode vestimentaire qui n’en doutons pas ne manquera pas de faire des émules.
Vos filles et petites-filles vous maudiront un jour d’avoir relancé ce carcan chère madame Najawa Djedi. Une mode qui ne va pas sans autres contraintes contre laquelle nombre d’Iraniennes se battent ce qui ne va pas sans coups de fouets et prison et dont se passeraient volontiers les Afghanes et tant d’autres femmes musulmanes aujourd’hui 
Croyez bien Najawa Djedi que je ne doute pas de votre foi. Je suis persuadé que vous effectuez sans mégoter vos cinq prières quotidiennes, que vous donnez aux pauvres 5 à 10% de votre salaire et que vous observez strictement le jeûne du ramadan tout en envisageant sereinement un voyage à la Mecque. Car finalement c’est comme ça, sans tapage médiatique et dans la discrétion, qu’Allah est grand.
 
Jean-Bernard Papi ©

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