Jean-Bernard Papi, romancier, essayiste, nouvelliste et poète

                                                La littérature est un art de combat.  

La solitude du joueur de foot.

Dimanche 17 Septembre 2017

 
  Je suis là, solide, planté comme un roc dans la ligne d’arrières. Le coach me dit toujours : Mamadou, là où tu es, c’est comme s’il y avait un roc. Un journaliste pourri a écrit que je ne parcourais guère plus de soixante mètres durant tout un match : Deux pas vers l’avant quand un adversaire se pointe et deux pas vers l’arrière pour retrouver mon poste. Moi je pense plutôt que je cours au moins six cents mètres, pas six kilomètres tout de même, mais au moins six cents mètres. Mais je suis comme un roc : c’est le coach qui le dit, et un roc ne se déplace pas facilement. Est-ce que je stoppe l’adversaire quand il a la mauvaise idée de vouloir s’approcher des buts ? Heureusement, on est souvent deux pour l’arrêter, nous nous portons assistance mutuelle à charge de revanche. Et si l’arbitre ne regarde pas je lui marche sur le pied, à l'adversaire ,crac ! Un roc sur le pied ça fait mal, c’est moi qui vous le dit ! Dès fois je le bouscule à la loyale, d’un coup d’épaule et souvent il riposte d’un autre coup d’épaule quand je ne m’y attends pas. Enfin, quand je ne m’y attends pas vraiment ; dans ce cas je tombe et me roule par terre en gémissant. À la brésilienne. C’est impressionnant et la foule hurle. J’obtiens un coup franc, ça dégage notre arrière. Le coach dit que je ne suis pas assez attentif au ballon. Je le suis des yeux, mais parfois je rêvasse : Quelle voiture acheter avec ma prime : Ferrari, Bentley ? Le coach dit d’y aller mollo avec les bagnoles, c’est dur pour un smicard de nous voir parader dans des autos qu’il ne pourra jamais s’offrir. Je ne vais pas me payer une Twingo tout de même pour faire plaisir au smicard… J’ai un coach personnel qui gère mon argent, c’est aussi un ami. Il me conseil de me marier. Ce ne sont pas les filles qui manquent mais je n’ai pas le temps. Il y a ma carrière… Nous les franco-africains on est très bon en sport, et dans tous les sports. Le coach dit que les africains sont puissants et résistants et que s’ils avaient un peu plus d’argent ils seraient les meilleurs du monde. Soit, mais en foot les équipes d’Afrique ne brillent pas particulièrement, il faut le reconnaître, malgré leur puissance et leur résistance. Un journaliste camerounais a dit un jour que l’équipe de France de foot c’était finalement l’équipe africaine qui avait le mieux réussi.
  Je suis là, planté sur mes deux jambes, à mon poste dans la ligne d’arrière. Comme un roc. Mamadou, il n’y a que toi et tes potes africains pour arrêter une attaque, comme des rocs ! dit le coach.
 
Jean-Bernard Papi ©

PS : J'ai parlé ici de la solitude du joueur de foot, mais des gars qui n'étaient pas seuls le jour du match PSG vs Real de Madrid en ce jour du mois de février 2018, ce sont les journalistes. Entre 700 et 800 ils étaient, à croire qu'ils n'avaient rien d'autre à faire qu'à aller voir un match de foot !

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