Les enfants chauds de soleil portent sur leur peau brune les écumes et le sel des houles et sur leurs lèvres le baiser du vent au goût de prunelle quand le soir toujours pousse les montagnes de sable et la coulée du temps avant que ne commence l’heure bénie des rêves.
Adolescents jaillis de l’océan nés entre l’eau et le tonnerre
quand hurlent vos motos
comme autant d’armées en guerres après le surf, après la plage vous voici sous les lampes sages enfants de terre enfants de pierres face aux sorbets qui vous brisent les dents.
Enfants filles, enfants garçons vous vous séparerez un jour souvenez-vous : Après le surf, après la plage mer miroir et soleil complice se tournent le dos chaque soir, mais vous perpétuerez sous les lampes les baisers doux au goût de prune vous vous proclamerez adultes et grands et vous vivrez des heures lentes dans le secret de vos seize ans.
Novembre a posé ses feuilles défuntes sur un linceul de givre. Il est six heures et vers Arcueil soudain s’affale un homme ivre.
L’hiver cette année est trop tôt commencé. La rue est à la neige verra-t-on sous le pont Mirabeau les glaces descendre de Norvège ?
Tout crotté l’homme se relève il l’appelle, et ça fait rigoler les passants. Toujours ce mauvais rêve qui s’agrippe sous ses paupières gelées.
Le froid. Il hésite. À deux pas un bistrot on s’y réchauffe, on y fume, on y boit, on peut jouer au tiercé, au loto c’est comme à la Closerie des Lilas.
Il se souvient d’un soir à l’Olympia jamais il n’avait vu fille si jolie ce fut comme un claquement de doigts depuis il cherche dans tout Paris.
Bistrots, havres de tous les repos si elle passe chez vous, elle est blonde et jolie, dites-le moi, rien qu’un mot pour elle, j’irais au bout du monde.
J'aime les femmes en fourrures qui ont de l'âge les hanches larges car elles cachent sous leurs paupières usées tant d'ivresses
qu'elles me forcent à rêver à d'insatiables fesses et à chercher encore, sous leurs seins pâles et lourds, l'espoir de grands moments d'amour. Dessin F Bourbillère On dit qu'elles ont au réveil le corps chargé d'arômes et qu'elles quittent un royaume où leurs amants à leurs lèvres buvaient les célébrations de tendres fellations,
on dit aussi que dans la moiteur de leurs chairs molles
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