Jean-Bernard Papi, romancier, essayiste, nouvelliste et poète

                                        Il n'y a de recette de jouvence que le rire.
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                        J'ai tué Samir Vanadjian (2011)

                               Roman policier 







 Le héros de ce roman policier ne roule pas en Ferrari, ne fume pas la pipe, n’est pas en permanence entre deux dépressions nerveuses, ne boit pas du whisky les pieds posés sur son bureau, il n’a pas un médecin pour ami, il n’est pas particulièrement coquet et n’est pas Belge non plus, et ce n’est pas une femme. C'est un tueur.
 Il est comme vous et moi, ou plutôt comme vous. Avec cette différence :  Il est anonyme et dangereux.

Couverture Olivier Fouché.
 
 

"Mercenaire du crime et volontaire pour n’importe quel trafic louche, pourvu que cela me rapporte, voici ma carte de visite. C’est un métier qui n’exige pas de compétences particulières pense-t-on, tuer (ou éliminer) ne parait pas difficile. En réalité cela exige une quantité de qualités, autant que pour être pilote de course ou pianiste. Je dois être patient, bon  observateur, avoir la main ferme et du sang froid pendant l’« action » et surtout, je ne dois pas être embarrassé par une conscience tatillonne et volubile ou par un cœur d’enfant de Marie. Encore que je ne me souvienne pas d’avoir eu à supprimer un honnête travailleur, un bon époux ou un brave à trois poils, je le ferais si cela m’est commandé et payé, car qui sait quelle crapule se cache derrière l’apparence de l’honnête homme ou de la femme sérieuse ?  Et puis qui suis-je pour connaître le fond des choses ? Ceux qui me commandent ont leurs raisons que je suis supposé ignorer. Pour un enfant j’hésiterais c’est certain, simple réaction épidermique de père de famille, dirait-on ; et quel crime pourrait-il avoir commis ? Je n’aimerais pas avoir à le faire, c’est tout. Par bonheur il n’est pas question de tuer Aurélie Valence, la demoiselle que je dois convoyer à l'autre bout de la France tout en m'efforçant d'échapper aux copains de Samir Vanadjian, des durs qui ont le goût du sang."   (à suivre)

                                                       -

La critique de Thyde dans Les Chroniques de l'Imaginaire 

 
   "José est quelconque. On ne peut plus passe partout. Journaliste pigiste, marié, deux filles. Il n'est ni beau ni laid, ni riche ni franchement pauvre, et surtout sans aucun signe distinctif. Mais la nuit José est un mercenaire, un tueur à gages, un contractuel en quelque sorte. Il a le sang froid d'un serpent, et autant de mauvaise conscience qu'une statue. Et pourtant, un jour José va commencer à se poser des questions. Autant dire que ce n'est pas franchement conseillé dans sa profession. Surtout quand visiblement, il a servi de main à certaines personnes qui le laissent se débrouiller des conséquences de leur volonté. Le moins que l'on puisse dire, c'est qu'il n'a pas l'intention de se laisser faire...

    J'avoue que j'ai un moment cherché où Jean-Bernard Papi voulait en venir. Les trois quart du bouquin paraissent un peu brouillon, un peu foulli. Et puis les choses s'éclairent et l'on comprend enfin le lien entre tout. L'intrigue est vraiment bien trouvée, et le noeud de l’histoire peut se révéler être de l'or en barre. Pourtant, le dénouement de tout arrive un peu trop facilement. Un peu trop vite. Un peu trop gentiment. Le tueur à gages manipulé par certains des plus hauts placés dans l'appareil étatique, et qui finalement se voit proposer une porte de sortie par ces mêmes manipulateurs... c'est un peu dommage, et l'ouvrage aurait probablement gagné à quelques chapitres de plus et à une fin un peu plus complexe. 
    
Mais globalement, c'est tout de même un moment agréable. Le personnage principal est assez attachant, malgré son métier, et bien loin d'être aussi froid et sans scrupule qu'il ne l'est décrit au début de l'ouvrage  J'ai aimé la narration à la première personne qui donne du rythme et du punch à toute cette histoire. Une fin un peu en ouverture, mais dont on se doute fort bien qu'il émergera sans trop de mal.
   Un bon moment, une lecture facile dont le style correspond très bien au narrateur, pas inoubliable mais plutôt agréable."      
Ecrite par Thyde le 10/05/2012

    
                                         

  Ci-après les trois premières pages du roman:
 
 1
 
 
   Ces petits juges de province sont féroces et obstinés comme des renards affamés et le dénommé Mallet, Georges-Albert, ne fait pas exception. Après une instruction rondement menée par l’inspecteur Grenier, Gremnzix comme je l’ai surnommé, Mallet m’a confié au parquet d’Angoulême accompagné d’un dossier plus épais que le Larousse et me voilà ferré comme un gardon. Par bonheur Just m’a dépêché deux de ses amis avocats, des Parisiens retors et sympathiques, qui ont plaidé le défaut de preuves et l’absence de lien entre la mort de deux scélérats, au casier judiciaire plus chargé et puant qu’une benne à ordure marseillaise après huit jours de grève, et mes empreintes sur le colt 45 retrouvé dans leur auto. J’ai eu droit à un non-lieu et personne n’a soulevé le cas pourtant sensible et épineux de l’enlèvement d’Aurélie. A la grande indignation de Grenier qui me jette de furieux regards.
  Tout a commencé le jour où j’ai reçu l’ordre d’enlever, de kidnapper plutôt, une demoiselle Valence, Aurélie Valence. C’est une fillette d’une dizaine d’années, à six mois près. Ce nom, Valence, me disait vaguement quelque chose, peut-être un pipole, à moins que ce soit un souvenir de mes vacances espagnoles ou un reste de mes études de chimie. Enlever une gamine me grattait un peu et cet ordre me restait un rien coincé aux entournures, mais Zu Befehl ! A vos ordres !
Attention, je ne subis pas la Befehlsnotstand, la contrainte par les ordres, comme l’ont plaidé les nazis. L’ordre que je reçois je l’accepte parce que je le veux bien, que j’ai, en gros, mis un cadenas à ma conscience et que c’est mon boulot aujourd’hui ; si je fais des choses que la morale réprouve, comme tuer, je le fais pour de l’argent, c’est mon unique motivation. Voilà ! Demain je serai peut-être plombier ou employé des pompes funèbres, allez savoir.
  Les tueurs à gages ne manquent pas dans l’Histoire, voyez l’assassinat du duc de Guise, celui d’Henri IV et des dizaines d’autres concernant des personnalités, crimes habilement maquillés en accidents, ou brut de fonderie. Plus près de nous ce sont les porte-flingues, gardes du corps et autres gorilles à la solde des narcotrafiquants en Colombie ou ailleurs qui battent des records d’assassinats. La Sniper Alley était célèbre à Sarajevo pour ses tueurs, on n’en finirait pas d’énumérer, de quoi faire un livre dans le genre « Les tueurs pour les nuls ». Je n’irais pas dire que nous sommes nécessaires, mais hélas, c’est un fait, nous existons et même le cinéma a fait de nous des héros, pensez à Nikita (3 millions d’entrées) et à Léon de Luc Besson.
  Cependant jamais, en ce qui me concerne, je ne tuerai de mon propre chef pour assouvir des convictions idéologiques, que je n’ai pas, ou des croyances religieuses, que je n’ai pas non plus grâce à Dieu, encore moins par goût du sang ou par sadisme. Je laisse cela aux détraqués. Tueur certes mais pas cinglé, au contraire on me dit très équilibré et il le faut pour faire ce métier. Entre nous, tuer pour obéir à Dieu, ou à ses voix comme Jeanne d’Arc, quelle foutaise ! Dieu n’existe qu’en nous et chacun l’imagine à sa manière, même si certains ont cru bon d’en faire un vieillard barbu.
Je peux quand même rouspéter si la prime n’est pas assez élevée en regard des dangers que je vais encourir, ce qui est très rare car on ne vit pas chichement chez les tueurs, sinon à quoi bon. Et comme je l’ai dit, pour moi l’argent, le fric, c’est très important car il faut bien payer les impôts et nourrir la famille. Si on m’interroge sur le choix de ce métier, car c’en est un, je répondrai que les circonstances commandent souvent plus certainement que les diplômes. Beaucoup voudraient savoir si un gars comme moi éprouve du remord après avoir éliminé (ce mot faussement innocent me plait) une flopée de gens. La question est pertinente. D’abord j’en ai moins éliminé qu’un mitrailleur sur le champ de bataille ou qu’un membre d’un commando d’einsatzgruppe en 1940. Cependant, je me contenterai de répondre qu’après chaque expédition je rentre à la maison les bras chargés de cadeaux pour ma femme et mes filles et que je passe à la déchiqueteuse tout ce qui a eu trait à ma mission. C’est ma façon d’oublier et de mettre mon esprit au repos. Chacun habite le monde qu’il s’est crée disent les philosophes, j’habite le mien sans état d’âme. Pour résumer, ce travail je le fais du mieux possible et les débats de conscience, les miens comme ceux des autres, me fatiguent…
  Chez les voyous et chez ceux qui les traquent, la catégorie kidnappeur d’enfant est très mal vue et celui qui kidnappe pour assouvir sa fringale sexuelle, « un pointeur » selon l’argot des prisons, incarne la lie des criminels. Toujours cette manie de la hiérarchie. Pourquoi tel criminel qui attaque une banque serait-il moins pourri qu’un violeur, même d’enfant. Un criminel est un criminel, point. Même si la loi elle-même crée de subtiles nuances entre l’un et l’autre, il est rare que le braqueur reste un braqueur sans être un jour un assassin… Mais restons-en là. Enlever cette Aurélie Valence ne me parait pas des plus aisées malgré qu’en première analyse j’admets ne risquer rien ou presque rien. La suite des événements me démentira du tout au tout. Avec un enfant dont les réactions ne sont pas prévisibles il me faudra surtout avoir du tact et être vigilant. Vigilant sans lui faire de mal. Et sans la tuer évidemment. Pour l’instant.
  Bien sûr, j’aurais tout compte fait préféré quelque chose de plus classique, plus dans mes cordes, comme un bel assassinat maquillé en accident, mais comme je l’ai écrit : Zu Befehl !
 
   Je me prénomme José et j’ai trente six ans. Ma fiche, celle de mon employeur comme celle du fichier central de la police, précise que je suis brun, de taille moyenne, que mes yeux sont bleu foncé que je ne porte pas de lunettes. Je n’ai sur le visage ni tache ni cicatrice, je n’arbore habituellement ni barbe ni moustache et je me fais couper les cheveux à une longueur standard, ni trop courts ni trop longs. Je ne m’habille jamais de façon excentrique ou voyante, ni trop à la mode ou colorés à l’excès. Sauf déguisement, évidemment, et le déguisement est une de mes spécialités, une vraie passion. Si je devais me décrire en vue de figurer sur un site de rencontres j’aurais des problèmes car rien n’est remarquable chez moi et mieux encore on ne se souvient pas de moi ; même si je bouscule un passant ou si je m’adresse à quelqu’un pour demander mon chemin il ne se souviendra pas de moi une minute plus tard, j’en ai fait dix fois l’expérience. Tout ce que je vous dis là parait frivole mais c’est essentiel dans mon métier.
Mercenaire du crime et volontaire pour n’importe quel trafic louche, pourvu que cela me rapporte, voici ma carte de visite. C’est un métier qui n’exige pas de compétences particulières pense-t-on, tuer (ou éliminer) ne parait pas difficile. En réalité cela exige une quantité de qualités, autant que pour être pilote de course ou pianiste. Je dois être patient, bon  observateur, avoir la main ferme et du sang froid pendant l’« action » et surtout, je ne dois pas être embarrassé par une conscience tatillonne et volubile ou par un cœur d’enfant de Marie. Encore que je ne me souvienne pas d’avoir eu à supprimer un honnête travailleur, un bon époux ou un brave à trois poils, je le ferais si cela m’est commandé et payé car qui sait quelle crapule se cache derrière l’apparence de l’honnête homme ou de la femme sérieuse ?
  Et puis qui suis-je pour connaître le fond des choses ? Ceux qui me commandent ont leurs raisons que je suis supposé ignorer. Pour un enfant j’hésiterais c’est certain, simple réaction épidermique de père de famille, dirait-on ; et quel crime pourrait-il avoir commis ? Je n’aimerais pas avoir à le faire, c’est tout. Par bonheur il n’est pas question de tuer Aurélie Valence. Je travaille avec « l’Agent », c’est ainsi qu’il se fait appeler. C’est cet Agent, une sorte d’impresario comme celui des comédiens, qui me trouve mes contrats. Je ne l’ai jamais rencontré et bien entendu je ne connais pas sa silhouette, pas plus que sa voix car il n’utilise jamais le téléphone pour me donner ses directives. Après m’avoir averti, il me fait parvenir un « cahier des charges » c’est à dire l’essentiel de ce qu’il faut connaître sur ma future victime.
   Pour m’expédier ce cahier des charges il utilise les guichets de la Poste restante, rarement Internet sauf lorsqu’il y a urgence. Internet aujourd’hui est une vraie passoire, n’importe qui peut, s’il est doué en informatique, lire les mails et s’introduire dans les fichiers des gens les plus respectables. La Poste, quoi qu’on en dise, fonctionne très bien et il parait impossible d’intercepter une bafouille particulière parmi les millions de lettres qui y transitent dans une journée; jusqu’à présent.
.........à suivre