Jean-Bernard Papi, romancier, essayiste, nouvelliste et poète

                                        Il n'y a de recette de jouvence que le rire.
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                   Céline, jusqu'au dernier jour (2008)                                                      Jean-Bernard Papi

  Ce roman estmaintenant numérisé en PDF et en e-pub particulièrement adapté aux tablettes, peut être acheté dans les boutiques en ligne comme Amazon, Fnac, Chapitre, Orange store, Apple store etc 


  Ici deux mondes s'affrontent et se heurtent qui n'auraient jamais dû se rencontrer. Le monde paisible du petit village de Villaudouin, un peu endormi dans sa routine, va se heurter à celui des guerriers nazis de Das Reich. Ces derniers vont bouleverser par leur violence toute la structure mentale des villageois. Céline en se vengeant des officiers nazis va tout remettre d'aplomb. 
 Couverture : Acrylique sur bois de Clarisse Chauvin

                   

 

 
    En 1944 les SS de Das Reich pour se venger des escarmouches des maquisards, décident de fusiller des otages pris dans le village charentais de Villaudouin. Quatre de ces otages, Marcellin, Julien, René, des vignerons et Jérémy, le facteur du village, enfermés dans une maisonnette au coeur des vignes vont exprimer leurs angoisses au travers de dialogues réalistes et poignants. Ils plaideront leur cause auprès d'un officier allemand conciliant et presque compréhensif. Malgré cela et pour obéir aux ordres,  il les fera fusiller à la nuit tombante contre le mur de la maisonnette.
  Dans la folle équipée crépusculaire d'une poignée de femmes qui partent à la recherche de leurs époux et de leurs fils dans les vignes, Céline se distingue par sa volonté de se venger  : Elle vient de perdre son père Marcellin et  son jeune mari Julien, et se refuse de pardonner. La guerre ne justifie pas tout.
  Dans la seconde partie, Céline, à travers son journal va relater sa vengeance à l'encontre des deux officiers allemands responsables du massacre de Villaudouin. Elle n'hésitera pas, alors actrice, à se compromettre avec la pègre pour parvenir à ses fins. Ainsi on la retrouvera en 1945 dans Munich, Flensburg etc. 

 
                                                     

Si vous êtes interressés par la 2ème guerre mondiale lisez : La WaffenSS sur https://www.jean-bernard-papi.com/article-histoire.php et Le journal de guerre de Laurent Papi https://www.jean-bernard-papi.com/journal-de-guerre-de-laurent-papi.php 

      
Le livre est disponible sur Amazon.com (-5%) et chez les libraires en ligne. L'éditeur ayant cessé son activité, je dispose aussi de quelques exemplaires.

Pour en savoir plus :

  Quand, dans les années 90, une amie de la famille me raconta que son mari et son père avaient été fusillés le même jour par un contingent de la division SS Das Reich en 1944, je lui demandais ce qu’elle avait fait après, quelles suites elle avait données à ce crime.
   
- Rien, m’a-t-elle répondu, c’était la guerre.
   Une explication terrible comme si la guerre était d’origine divine et hors d’atteinte, une sorte d’apocalypse, de monstre envoyé pour punir les hommes. En ce sens le tableau de Pablo Picasso « Guernica » avec son minotaure est assez parlant

Quelques "images" tirées du roman  en forme de DIAPORAMA

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                                              Communiqué de presse décembre 2008                 

                            

 Le récit d'une journée de guerre en Charent  
Bouleversant, tragique...

      Les éditions du Croît vif publient Céline jusqu'au dernier jour de Jean-Bernard Papi qui signe un roman d'une justesse sobre et percutante, celle d'un jour noir qui va peser sur la destinée du petit village de Villaudouin et de ses habitants ; un roman marqué par l'émouvante figure d'une jeune femme, Céline.

 « L’action démarre lentement, écrit l'auteur, comme une journée ordinaire dans un coin de campagne paisible, elle ne se précipite que lorsque l’ordre des choses que l’on croit immuable est soudain bouleversé. Quand le chaos s’installe… » 
    La division allemande Das Reich est célèbre pour avoir été l'ouvrière du massacre d'Oradour-sur-Glane ; si ce roman plante son décor dans des Charentes en guerre, toute ressemblance avec des personnages, lieux et événements réels relèverait de la pure coïncidence.        

                                                      

Ci-dessous une partie du chapitre 7 de Céline jusqu'au dernier jour :

  
   Pancrace (le cheval de trait) se dandine d'une épaule sur l'autre et on pourrait danser sur le claquement de ses sabots. Quand Marcellin et Julien atteignent la route nationale qui relie Villaudouin, mille cinq cents habitants, à Saint-Vianne, une dizaine de maisons au bord de la route et un restaurant, le facteur est là qui les attend, sa motocyclette posée contre une haie. Que cette route aille plus loin, jusqu'à Bordeaux ou à Limoges et même au-delà jusqu’à Paris importe peu aux deux hommes. Seuls les transporteurs routiers et l'occupant y trouvent de l'intérêt.
  - Bonjour Jérémie, quoi de neuf ? grogne Marcellin en immobilisant le cheval et la carriole au bord de la route.
  C’est manière de parler car si le facteur est là, à les attendre, c’est qu’il a quelque chose à leur dire.
  - C'est bien à toi qui ne veux jamais rien savoir sur rien, de me demander ça, Marcellin. Je m’apprêtais à aller aux Nouailles, figure-toi. Je fais le tour des vignerons. Mais avant toute chose, penses-tu donc que les Boches ont foutu le camp du pays ?
  - Je ne pense à rien de particulier à propos des Boches, répond Marcellin surpris. Il se demande par contre, si le dénommé Jérémie Viaud, facteur, avec sa voix un peu trop aiguë et ses tournures de phrase alambiquées, n’était pas déjà fin saoul. Ce qui ne serait une surprise pour personne.
  - Je vais quand même te dire Marcellin, tu en feras ce que tu voudras, poursuit le facteur. Je sais que tu veux ta tranquillité mais quand même il y a des fois où il faut mettre son nez dans les affaires des autres. Je dis cela en général et je ne cite personne en particulier.
  - Parle Jérémie, dit doucement Julien en retenant un sourire, à ton âge tu dois économiser ton souffle, mais parle prudemment, sans te mettre en colère. Pense à ton pauvre cœur et surtout à ton estomac surmené.
  - Je vivrai peut-être encore le temps suffisant pour te mettre en terre, toi qui fumes comme vingt gendarmes, sans compter d'autres choses que mon âge et mon état de veuf, me dispensent de faire, répond doctement le facteur en s’appuyant de tout son corps contre la carriole.
  Il avait dépassé les soixante-cinq ans à Noël, mais, avec les prisonniers et les réquisitions, l'administration l'avait laissé en place. Il n'était pas pressé non plus de prendre sa retraite. « J'ai rien d'autre à faire, disait-il et je ne sais faire qu'une chose, distribuer le courrier. » Soulevant son képi, un geste machinal qu’ont ceux qui portent ce genre de coiffure, il en essuie la doublure crasseuse avec un grand mouchoir blanc en grosse toile puis il éponge son front et son crâne dégarni. Il fait ensuite glisser la bretelle de cuir de sa sacoche et la pose sur le bas-côté herbeux de la route, préliminaire chez lui à un long discours. Enfin, il grimpe sur le marchepied de la carriole et sous l’effort lâche un rot. Une puissante odeur de vinasse, identique à celle qui émane des cuves mal lavées, monte jusqu’aux nez de Julien et de Marcellin. Le facteur s’excuse puis baisse le ton jusqu’à être presque inaudible, comme si des espions se cachaient alentour.
  - Les résistants se rassemblent, chuchote-t-il, ceux de la Dordogne, du bas-Limousin et des Charentes. Ils visent les garnisons de Saint-Sauveur et de Jaurezac. Les escarmouches ont commencé et ils s'apprêtent à intensifier leurs actions dans les jours à venir pour affaiblir les Boches et préparer le terrain, car on parle d'un débarquement des alliés qui aurait lieu sur la côte, peut-être pas loin de chez nous, vers Royan. Les Fritz seront alors coincés entre les résistants et les alliés. Faits comme des rats. Crac ! La faucille et le marteau, comme disent les camarades de la poste. Pour ça, ils demandent à la population de les aider.
  - Les aider ? Mais comment ? s'écrie Julien effaré. On ne peut tout de même pas se lancer contre les tanks avec nos charrettes.
  - Ils demandent juste que soient laissées ouvertes les cabanes dans les vignes, pour s'y réfugier. Avec des couvertures à l'intérieur et de quoi se restaurer, un peu de frichti, un ou deux gros pains et du cochon, du vin, de l'eau pour tenir deux ou trois jours au moins. Et de prévoir plus, pour plus tard, s'ils doivent rester cachés longtemps.
  - Celle du Plantis sera ouverte et j'y laisse toujours une ou deux bouteilles de vin et des couvertures pour le cas où il faudrait y passer la nuit, bougonne Marcellin. On reviendra mettre de quoi manger demain dans la soirée.
  - Merci Marcellin, dit Jérémie, tu es brave… Et Julien il ne pourrait pas les rejoindre et prendre un fusil ?
  - C'est son affaire.
  - Peut-être que j'irai, soupire Julien. Souvent la nuit j'y pense. Je me traite de mauvais Français. Puis, je sens le ventre ou la cuisse tiède de Céline contre ma hanche et ça me retient. Je ne suis pas le seul jeune marié à n'être pas dans la Résistance.
  - Non tu n'es pas le seul, répond le facteur d’un ton conciliant. T'y penses, c'est déjà pas si mal. Si tu veux les rejoindre, fais-moi signe. En tout cas, vous n'avez pas de courrier aux Nouailles, même pas une facture.
  - Tant mieux, dit Marcellin en faisant claquer les rênes sur le dos de Pancrace.
 Personne ne savait au juste d'où venait le nom des Nouailles. Peut-être celui d'un ancien propriétaire ou plus probablement un qualificatif pour préciser la nature des sols. C'est comme ça qu'on appelle une terre marécageuse dans le midi, avait révélé le notaire. Les Bajard sont installés aux Nouailles depuis dix ou douze générations. C'est tout ce qu'on peut en dire et personne chez eux n'a eu le temps, ou l'envie, d'éplucher la vieille paperasse de la famille. Ont-ils toujours été vignerons ? Pas sûr, il y a un siècle et même moins, c'était l'élevage du mouton qui dominait ici, avec la culture du lin.
  Le facteur passe en bandoulière la large bride en cuir de sa sacoche et d'une tape colle celle-ci contre ses maigres fesses. Il s'essuie une dernière fois le front de son grand mouchoir et fait un petit geste en direction des deux hommes, une manière de salut militaire. Puis il arrache sa moto de la haie et part en direction de Villaudouin. Julien s'est légèrement tourné pour suivre, avec des yeux songeurs, la silhouette du fonctionnaire qui dévale la petite descente en ligne droite, entre les vieux platanes du bord de la route.
  - Ce Jérémie, il est bien courageux à son âge, murmure-t-il au bout d’un moment passé à réfléchir. Pour être résistant, il faut avoir du cran.
  - Peut-être. Mais il n'a ni femme, ni gosse, il n'a à défendre que lui-même… Et l'État qui le paye. Quoique dans le cas présent l'État en question serait plutôt contre.
  Julien ne répond pas. Le nez baissé, secoué de gauche à droite par les cahots, il cogite. Si ce que dit Jérémie Viaud est vrai, la fin de la guerre est peut-être pour bientôt. Ça ne coûterait rien de s'engager maintenant ; il aurait tout à gagner.
  - Ils ne sont pas encore là, les fameux alliés, murmure Marcellin devinant sans doute les pensées de son gendre. Ils ne viendront à notre secours que s'ils l’estiment indispensable. Et il y a leurs satanées fortifications tout le long de la mer avec leurs blockhaus et leur artillerie lourde. C'est gagné pour personne. Quelqu'un a dit, j’étais chez le coiffeur et c'était le jour où tu semais les haricots blancs, que ces blockhaus avaient des murs dix fois plus épais que ceux de l'église. Je crois que, comme c'est parti, on aura les Boches jusqu’au jour du jugement dernier. Et même après, si ça se trouve, car ce n’est pas le bon Dieu avec ses faibles moyens qui va les faire déguerpir.
  Il se souvient de l’excursion de quelques jours au bord de l'océan en compagnie de Mariette, dans les premiers temps de leur mariage. Des maçons construisaient d’énormes  casemates sur les falaises vers Fouras. Il s'était demandé à l'époque à quoi ça allait servir. Maintenant il savait, c'était pour loger, quelques années plus tard, les canons des Allemands. Il se retient de rire.
  - Peut-on s’emparer quand même de ces fortifications ? interroge Julien.
  - En théorie il n’y a rien d’imprenable. Il faudrait venir par la terre, après les avoir bombardées un bon coup. Peut-être que les résistants pourraient ? Mais il faudrait qu'ils soient mille fois plus nombreux pour mener un assaut, même localisé, surtout mieux armés, mieux équipés et plus disciplinés. Je ne vois pas la chose faisable en réalité, même dans dix ans.
 
  La carriole avance maintenant entre les arbres d'une forêt qui s'interrompt parfois pour céder la place à des taillis, la forêt du Piron. Une forêt qui petit à petit cède du terrain devant des vignobles nouveaux venus, aux rangées de ceps largement espacés pour faciliter le.....