L'austérité et ses experts.

   Dans un article repris du New York Times et du New York Review of Books, Courrier International n° 1178 du 30 mai 2013 titre : « L’austérité tue » et de raconter l’histoire lamentable de deux experts en économie de Harvard (mazette !) Carmen Reinart et Kenneth Rogoff qui en mai 2010 affirmaient calculs à l’appui : « que les économies sombreraient dans le précipice dès que la dette publique dépasserait 90% du PIB ». Ce qui naturellement servit la cause de ceux qui, comme la France, voulaient assainir leur économie en ramenant leur dette publique très en dessous des 90% à coups d’impôts et de taxes. Or comme l’affirmait JM Keynes « Le bon moment pour l’austérité c’est le boom, pas la crise » un avis négligé par les nombreux tenant des théories de Carmen Reinart et Kenneth Rogoff. Théories qui viennent d’être mises à mal par un jeune doctorant américain, Thomas Herndon, qui a démontré d’une part que les deux auteurs s’étaient trompés dans leurs calculs et que d’autre part il n’existe aucune preuve historique que les États « sombreraient dans un précipice si leur dette publique dépasserait 90% du PIB ».Ce qui fait dire à Paul Krugman, prix Nobel d’économie, «Que les décideurs et les leaders d’opinion se sont servis de l’analyse économique comme un poivrot se sert d’un lampadaire : pour s’appuyer et non pas pour être éclairé ».
   En attendant, l’austérité dans tous les pays de la zone euros déclanche des suicides (+26% en Grèce), un renoncement aux soins chez certains malades, une pénurie de matériel de santé (-40% en Grèce) etc. Ce qui fait dire aux sociologues David Stuckler et Sanjay Basu qui ont étudié les répercutions de l’austérité que «  Si l’austérité était testée comme le serait un médicament dans un essai clinique, elle aurait été jetée aux oubliettes depuis longtemps compte tenu de ses effets secondaires fatals. »