Jean-Bernard Papi, romancier, essayiste, nouvelliste et poète

                                                La littérature est un art de combat.  

Richard Millet et les censeurs.

Jeudi 4 Octobre 2012

                      Langue fantôme suivi de Éloge littéraire d’Anders Brevik
                                              Par Richard Millet  118 pages
 
 
  Retiré de la vente à la suite d’une pétition d’écrivaillons bien pensants et politiquement corrects emmenés par la poussiéreuse Annie Ernault, j’ai voulu lire attentivement cet opuscule signé Richard Millet. Aussi attentivement je l’espère que l’ont fait ses détracteurs et critiques dont celui du Monde. Rassurez- vous, nulle part  il n’y a trace de racisme ou de fascisme. Millet dit ce qu’il pense, mais ça ne plait pas à tout le monde.
   La langue fantôme, au total  94 page, reprend quelques thèses chères à l’auteur, de celles que l’on murmure tout bas et en se cachant de peur du pilori. A savoir : « La langue française, écrit-il, ne cesse de se dégrader sous la poussée d’un multiculturalisme qui la tire vers le bas, vers le vulgaire, l’ordure et le consensuel. (Les enseignants apprécieront). Les prix littéraires loin de favoriser la langue et le style encouragent le fait divers, le babillage et l’inutile. Le Culturel n’est que la trahison d’une pensée ramenée à sa plus simple expression et compréhensible par tous, y compris par les légions d’analphabètes. Le roman français d’aujourd’hui, faute de valeur hors des chemins balisés, n’a plus sa place sur la scène mondiale dominée par des Anglo-saxons eux-mêmes de piètres écrivains à quelques exceptions près. (Richard Millet sait de quoi il parle puisqu’il fut, avant de se faire jeter, lecteur chez Gallimard). La langue fait songer écrit-il à une forêt rongée par les pluie acides ».
  L’éloge littéraire d’Anders Brevik (lisez bien éloge littéraire) de la page 95 à la page 110 est une tentative d’interprétation de son geste meurtrier comme une œuvre littéraire.  La perfection formelle de l’acte, semblable à celle du Mal, qui, dit Millet, a à voir avec la littérature (qu’il génère). Contrairement à tous les autres criminels qui se sont suicidés à l’issue de leur acte, on pense à la mairie de Nanterre,  au 18 mort dans une école d’Allemagne etc. Brivik ne se suicide pas au contraire il se revendique comme un individu politique, rejoignant tous les déboussolés que Millet  attribue au métissage, à la perte d’identité et de repères, ce qu’il attribue au multiculturalisme européen.
On peut être d’accord ou pas avec les thèses de Richard Millet mais en interdire la vente sous la pression de quelques plumitifs rappelle fâcheusement la censure fasciste si honnie. Il y a peu, nous nous sommes battus pour que Charlie Hebdo ait le droit de paraître avec les caricatures de Mahomet. Nous avons alors invoqué la liberté d’expression. Ce qui vaut pour Charlie Hebdo vaut pour Richard Millet ! Absolument.
Je signe cela avec d’autant plus de sérénité qu’il a toujours refusé mes manuscrits lorsqu'il travaillait pour Gallimard.

©Jean-Bernard Papi  3/10/12

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