Jean-Bernard Papi, romancier, essayiste, nouvelliste et poète

                                                La littérature est un art de combat.  

À Vendin-le Vieil.

Samedi 29 Novembre 2025
À Vendin-le Vieil.
  Le Juge d’Application des Peines (JAP) qui a autorisé la sortie de monsieur Ben Faïza malgré l’avis contraire du directeur de la prison et du parquet l’a dit (1) : « S’il ne rentre pas, je prendrai sa place dans sa cellule. » À Vendin-le-Vieil on ne badine pas avec l’honneur. Des panneaux sur les clôtures de la prison indiquent qu’il est interdit de pénétrer sur son domaine mais ils ne mentionnent pas qu’il est interdit d’en sortir. Ce qu’a renchérit la charmante avocate de monsieur Ben Faïza : « C’est la loi… d’ailleurs il ne devrait pas être là (en prison) ». Les avocats disent tous la même chose, à les écouter Landru avec sa cuisinière n’était qu’un marmiton en recherche d’inspiration et le docteur Petiot un chauffagiste humaniste expert en calorifères.
   Assurément, monsieur Ben Faïza, un commerçant de « poudres » en tous genres, bien connu à la Courneuve, ne devrait pas être enfermé à Vendin-le-Vieil mais libre chez lui, entouré de ses collaborateurs bien aimés, de ses frères et de sa chère maman. Quand il s’est évadé de la prison de Villepinte, en 2014, c’était aussi parce qu’il ne devait pas y être et le commando qui l’a aidé n’était en fait qu’une partie de ses employés chagrinés par son absence prolongée. Car figurez-vous, le ministère de la justice refusait de le laisser partir ! Hou ! Et puis on a beaucoup exagéré à propos des armes de ce commando. Je suis persuadé qu’il s’agissait de pistolets à bouchons inoffensifs, voire à peinture. Des cadeaux de Noël…
  Pourquoi cette sortie ? Parce qu’un homme actif comme lui ne peut, à 52 ans, rester sans projets. Il prépare son avenir pour le jour où il sera libéré de ses (lourdes) chaînes. C’est ainsi qu’il a souhaité se présenter au DRH d’une entreprise qui l’avait convoqué quelque part autour de Lyon. Il espère un poste de responsable de la logistique ou commercial en liaison avec le Maghreb et l’International. À l’âge où tous les Français rêvent d’être à la retraite -libéré en 2029 il aura 56 ans- lui, au contraire, voudrait repartir d’un bon pied au sein d’une équipe « force de vente ». Faire du blé pour sa chère famille, pour son petit dernier, retrouver sa place dans une société où tout le monde est copain, toujours prêt à vous aider, à vous entourer de cette chaleur amicale que dégagent ceux qui œuvrent pour le bien commun. Être commerçant indépendant, même en gros comme c’était son cas, c’est être un jour harcelé par des envieux et le lendemain être victime de la malveillance de la concurrence. Une concurrence qui n’hésite pas à vous assaisonner au coin du bois à coups de kalachnikov comme un vulgaire marchand de faux talc ou de poudre de riz frelatée. Les temps sont durs mon-z-ami.
  Mais que le juge (le JAP) ne s’inquiète pas, monsieur Ben Faïza va rentrer (2). Il va reprendre sa place au sein de la joyeuse et sympathique petite communauté de Vendin-le-Vieil. Il va retrouver sa petite cellule, son petit lit et le petit bouquet que l’administration offre à ses tôlards quand ils rentrent bien sagement après une petite virée chez les caves (3). Toutes affaires familiales réglées naturellement et contrat de travail en poche. On l’attend à Lyon dès 2029 et peut-être même avant car il n’y a pas de raison qu’il ne bénéficie pas d’une prochaine remise de peine. Car comme l’écrit Alphonse Allais : Une fois qu’on a franchi les bornes, il n'y a plus de limites…
Jean-Bernard Papi ©
(1) Ou aurait dû le dire. C’est pareil. L’affaire se passe le lundi 24 novembre 2025.
(2) Il est rentré juste avant 21 h, heure limite.
(3) On me dit qu’il n’y a pas de bouquet. C’est un tort.

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