Jean-Bernard Papi, romancier, essayiste, nouvelliste et poète

                                                La littérature est un art de combat.  

Souvenir de Tignous.

Mercredi 19 Aout 2020
Souvenir de Tignous.
  Lorsque se produisaient des accidents en montagne, ou des attentats comme au Bataclan, ma tante Caroline disait souvent, en parlant des victimes : « Ils n’avaient qu’à pas y aller ! » ou encore « Ils n’avaient qu’à pas être là ! » transformant ainsi les victimes en accusés qui auraient négligé le fameux principe de précaution. « C’est bien fait pour eux » dit-on aussi. Autre façon de présenter les choses. Ainsi M. Jacques Chirac en 2006 pointant : « Des provocations susceptibles d’attiser les passions… » M. de Villepin surjouant tartuffe : il faut « éviter tout ce qui blesse les convictions religieuses… » Pendant que M. Jean Marc Ayrault dans son coin « désapprouve tout excès… » et Mme Elizabeth Guigou souligne pour sa part : « un amalgame absolument inadmissible car l’Islam est une religion de paix ! » Voyez-vous ça, chère madame, de paix ?
  Vous avez compris ces condamnations haut de gamme sont celles des caricatures bien connues du prophète Mahomet publiées par le journal Danois Jyllands-Posten en 2005 et reprises par Charlie Hebdo en 2006 ; publications entrainant insultes et menaces de mort à l’encontre des dessinateurs dans le style « On finira par avoir votre peau ! » Et effectivement ils l’ont eue. Les 11 qui se trouvaient dans les locaux du journal plus un policier dans la rue furent abattus par les frères Kouachi le 7 janvier 2015 au matin. On aurait pu penser que les « offensés » de 2006 avaient pardonné, que le temps avait fait son travail, mais pas du tout, ils s’entrainaient au maniement de l’AK 47 sous les yeux de toutes les polices. Des crétins obtus, des lâches, car menacer d’une arme de guerre des gens désarmés est une preuve de faiblesse, surtout pour de telles futilités. N’en déplaise à Virginie Despentes qui a tant aimé ces petits gars si courageux (sic). Du moins sur le papier.
  Depuis cela n’a fait qu’empirer, je veux parler de notre liberté d’expression et d’imprimer chère à tous les caricaturistes depuis Daumier ; une loi votée en 1881 s’il vous plait. Quel journal oserait republier ces caricatures aujourd’hui ? Pourtant, je ne me souviens pas d’avoir entendu dire que, en France, les bouddhistes se soient vengés à l’issue de la destruction des Bouddhas de Bamiyan, les indous ou les chrétiens en France aient incendié des mosquées, des écoles coraniques ou assassiné des imams pour « punir l’Islam ».
 « La bataille pour la liberté d’expression ne se gagne pas dans la rue, elle se mène dans les bureaux des rédacteurs en chef, dans les écoles, dans les universités » affirme Fleming Rose, ancien chef de service au Jyllands-Posten au moment de la publication des caricatures. Le procès qui s’ouvrira le 2 septembre 2020 nous dira si l’espoir d’une liberté injustement entravée par des sagouins peut espérer renaître chez nous. Et courage Mila !
 
Jean-Bernard Papi ©
 
PS : Merci au numéro 2503 du Point. « Les islamistes ont-ils gagné ? » et à maître Richard Malka.

Partagez sur les réseaux sociaux

Commentaires :

Laisser un commentaire
Aucun commentaire n'a été laissé pour le moment... Soyez le premier !