Jean-Bernard Papi, romancier, essayiste, nouvelliste et poète

                                                La littérature est un art de combat.  

Comme en 40 !

Mercredi 8 Avril 2020
Comme en 40 !
   Dédié à Laurence Peignot médecin, avec mon admiration.


  La couverture de Courrier International du 2 au 8 avril 2020 pose cette question angoissante : Nos démocraties peuvent-elles tenir ? (Sous-entendu face à la pandémie de Covid-19). À mon avis nos démocraties, malgré tous les accommodements des petits chefs subis depuis quelques centaines d’années, n’est pas près de s’éteindre. Si les petits chefs sont mortels, les concepts résistent. Ce Covid-19, c’est quand même une aubaine pour les médias mais c’est aussi une aubaine pour la médecine dite « de plateau Tv ». Voit-on des militaires venir pérorer sur leur job qui comportent aussi des risques, des ingénieurs, des flics etc ? Maintenant, grâce à nos journalistes et à leurs invités, tous des experts, on en connait un rayon sur les spécialités médicales, même si, personnellement, je n’ai pas encore cerné le profil de cette « infectiologue » qui est venu bavasser sur une chaîne d’infos continues. Quelle faune mes aïeux ! Et que des profs. Où se cachaient-ils ces bavards, dans quelle soupente attendaient-ils leur heure ? Fabriquaient-ils des masques pour les copains, des respirateurs, des blouses ? Se battaient-ils pour que soient revus à la hausse les stocks de tout ce qui manquait aux hôpitaux, aux Ehpads et au peuple ? Peut-être, dans leurs limbes, faisaient-ils des fagots, comme Sganarelle, en attendant leur quart d’heure de célébrité : « Voilà justement ce qui fait que votre fille est muette. » (1).
   Fâcheux retour en arrière que ces manquements. Le 10 mai 1940, lorsque les armées françaises dépourvues de tout, avions, munitions, armement, défenses anti-char et cadres, firent face à une armée allemande sportive, outillée et au plus haut de sa forme, nos soldats disaient : « Quand on voit trois avions dans le ciel ce sont des Français, quand il y en a quarante ce sont des Allemands ! ». Imprévisions récurrente en France. Pour vous en convaincre : https://www.jean-bernard-papi.com/journal-de-guerre-de-laurent-papi3.php
  Et pour revenir au Covid-19 citons les chiffres de Guillaume Lorrain dans le Postillon (2) : « Chaque année près de 600.000 personnes meurent en France soit près de 1750 par jour -bien davantage que le bilan le plus élevé du corona virus… On s’intéresse vaguement aux variations des accidents de la route (autour de 5.000), des suicides (aux alentours de 12.000) … Ces jours-ci en France, on ne semble plus mourir que du Covid-19 » Un praticien suisse, un médecin, a écrit que nous vivions une hallucination collective, comme ce fut le cas plusieurs fois par le passé.
  Depuis que ce Covid fait des siennes combien de braves font des bonds de côté comme si j’empestait la charogne, lorsque, à visage découvert, je glisse à moins de deux mètres d’eux pour payer mon pain. Comment nous retrouverons-nous dans quelques mois ? Comment nous regarderons -nous ? Comment nous saluerons-nous ? Et comment nous jugerons-nous ? Lors d’un discours le 20 mai 1940, Paul Reynaud, président du conseil, désigna le bouc émissaire de la défaite à la nation : Le général André Corap commandant la 9ème armée. Et tout fut dit.

Jean-Bernard Papi ©
 
Nota : Le Président Macron a parlé de « guerre » à propos de notre lutte contre le corona virus, ce que madame Annie Ernaux conteste en arguant que nous ne sommes pas en présence d’un ennemi humain. Rappelons-lui qu’il existe dans le jargon militaire une guerre électronique, une guerre dans l’espace, une guerre bactériologique, une guerre chimique etc. Souvent sans adversaire humain déclaré et palpable.
(1) Le Médecin malgré lui de Molière, acte II scène IV. (Sganarelle, un type qui rossait sa femme en public, hou !)
(2) Le Postillon, Le Point n°2484 du 2 avril 2020

Partagez sur les réseaux sociaux

Commentaires :

Laisser un commentaire
Aucun commentaire n'a été laissé pour le moment... Soyez le premier !