Jean-Bernard Papi, romancier, essayiste, nouvelliste et poète

                                                La littérature est un art de combat.  

La banane.

Jeudi 12 Décembre 2019
La banane.
  Camarades Gilets Jaunes, pauvres de nos villes « qui ne joignent pas les deux bouts », syndicalistes en voie de déraison, arpenteurs de bitume et rouspéteurs de toutes sortes, Français quoi ! retenez bien ceci : vous pouvez devenir riche du jour au lendemain. Comment ?  En accrochant vos pancartes, banderoles, tracts et affiches, à condition qu’elles expriment une idée (1), dans n’importe quelle galerie parisienne. Suivez la voie ouverte par Maurizio Cattelan, un artiste qui a scotché une banane en bon état sur un mur laquelle s’est vendue 120.000 dollars. Cette œuvre magistrale qui s’intitulait « Comedian » a été achetée par un Français dont on ignore officiellement le nom.  Ce haut fait dans l’histoire de l’art s’est déroulé à Miami Beach aux Etats Unis, dans une foire appelée "Art Basel".  Un autre artiste, le dénommé David Datuna passant par-là, a décroché la banane et l’a mangée créant ainsi un nouveau chef-d’œuvre, un happening, baptisé « Hungry Artist ». (Artiste affamé).
Qu’importe, a dit le directeur des relations avec les musées de la galerie Perrotin (2) qui exposait et a vendu le fruit,(3)  « l’œuvre n’a pas été détruite car son certificat d’authenticité subsiste. La banane c’est l’idée ». L’idée de quoi ? Je me le demande encore. Par contre, moi qui vous parle, passant par hasard par Miami Beach, j’ai ramassé la pelure de la banane et je la vends au plus offrant. Cette œuvre profonde s’intitule « Tragedian » et se trouve conservée dans mon réfrigérateur. Amis collectionneurs, j’attends vos propositions...
PS : J’ai aussi des mégots, de l’emballage de Mac Do et quelques pommes…

Jean-Bernard Papi ©
(1) Il y en a de très rigolotes.
(2) 8 impasse Saint Claude. Paris.
(3) J'ai peine à imaginer l'escroquerie derrière la banane. Je verse une somme à un individu et je déclare cette somme comme ayant servi à acheter une oeuvre d'art...

  Dans sa chronique des Etats unis pour Courrier international  du 9 mars 21,  Philippe Coste écrit : « On croyait avoir tutoyé les sommets du n’importe quoi lorsque le prix de l’action Gamestop, une chaîne de magasins de jeux vidéo décatie, avait augmenté de plus de 1 000 % en un an grâce à l’inexplicable acharnement de boursicoteurs en ligne à gonfler sa valeur. Mais le monde des collectionneurs d’art numérique est plus givré encore : un clip vidéo d’un des exploits du roi du basket-ball LeBron James a été vendu pour plus de 200 000 dollars (environ 166 000 euros) à un petit entrepreneur passionné. Les images légendaires sont pourtant toujours visibles et téléchargeables partout sur Internet. Pour le prix d’une Lamborghini, l’acheteur, explique la radio NPR, n’a même pas obtenu les droits de rediffusion des images. Il ne détient maintenant qu’un code informatique tarabiscoté qui constitue une sorte de certificat d’authenticité lui conférant la propriété de l’original du clip. Ce code est un NFT, un non-fungible token (“jeton non fongible”), un étrange hybride de cryptomonnaie et d’œuvre d’art, dont la valeur peut encore s’apprécier de manière fulgurante sur le nouveau NFT market. LeBron James est au moins plaisant à regarder. On n’en dira pas autant d’autres œuvres : un bizarre dessin animé d’un chat propulsé dans l’espace par un arc-en-ciel s’est négocié pour plus de 500 000 dollars. Un Cryptopunk, un personnage pixélisé conçu par l’artiste Matt Hall, est parti pour 1,5 million de dollars. Le record revient à une vidéo de dix secondes de l’artiste Beeple, adjugée aux enchères pour 6,6 millions de dollars fin février ». sans commentaires…
 

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