Jean-Bernard Papi, romancier, essayiste, nouvelliste et poète

                                                La littérature est un art de combat.  

Des nourritures terrestres.

Mardi 8 Octobre 2019
Des nourritures terrestres.
 
  Mangeons-nous sainement ? La question doit être posée. Pour certains écologistes dont un haut responsable français, « nos corps » sont empoisonnés par les pesticides et autres phytosanitaires ; pour d’autres écolos ce sont les OGM qui auront notre peau. Pour les nutritionnistes c’est avant tout la viande rouge qu’il faut interdire car ils la soupçonnent de donner le cancer (du colon), le diabète, et les maladies cardio-vasculaires, ce qui fait l’affaire des végans pour qui toutes les viandes sont néfastes et de quelques écologistes qui voient dans la vache -avec hublot ou sans- de dangereux pétomanes. Et voici que des chercheurs ont repéré des cellules réceptives de la douleur, les nociceptives, chez les poissons. Je ne regarderai plus mon poisson rouge femelle de la même manière surtout quand elle accouche et il n’y a pas loin de voir des ligues de défense battre l’estrade pour interdire la pêche à la ligne. Rassurons-nous toutefois, l’huître est dépourvue de nociceptives, ouf. Et le foie gras aussi. À propos de foie gras d’aucuns rêvent d’interdire le gavage des oies et des canards, là je n’ai pas compris pourquoi. Enfin, cerise sur le gâteau voici que les arbres communiquent entre eux par le sous-sol et par des essences qu’ils diffusent assure Peter Wohlleben, ingénieur forestier et auteur de La vie secrète des arbres. Devons-nous désormais les abattre sans avoir au moins engagé le dialogue avec eux ?
  Il n’y a que le vin qui ne soit pas nocif ? Si ? Il l’est pour les ligues de tempérance et les hygiénistes qui voient dans le pinard une cause de mortalité excessive. Dans ce cas les musulmans vivent-ils plus vieux que les chrétiens ? Pourtant notre nourriture aussi abominable soit-elle n’est rien en comparaison de ce qu’avalaient nos ancêtres, je parle de ce qui se pratiquait en dehors de tout tabou de civilisation (1), l’eau polluée par les ordures déversées dans les fleuves et les rivières, une viande de vénerie mal conservée et gâtée, un pain contenant une bonne part de débris de meule quand elle était en grès, un lait largement ajouté d’eau voire même de cervelle d’animaux écrasée et ainsi de suite.
  Kamel Daoud, écrivain et journaliste a raison de voir dans cette chienlit alimentaire les prémisses des interdits alimentaires qui forment le fond éthique des religions monothéistes, le hallal et le Kasher. En somme « une éthique de la responsabilité radicale de l’estomac ». Et attendant, je me sens une petite faim mais que manger pour ne pas déplaire aux belles âmes ? Un big mac ?
 
(1)  Ces tabous sont de deux sortes : ceux liés à la religion et ceux de l’ordre des habitudes, transgressés toutefois dans la nécessité, par exemple en France on ne mange pas d’insectes, de rats, de chiens de chats, de corbeaux, etc.


Jean-bernard Papi ©

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