Jean-Bernard Papi, romancier, essayiste, nouvelliste et poète

                                                La littérature est un art de combat.  
                                                     Acte 2
 
 

 Un banc de bois peint en vert au bord d'une allée dans le jardin de la Maison des Oiseaux. Au fond de la scène, une porte vitrée en haut d'un perron de trois marches. Le jardin est étroit, pauvrement et grossièrement entretenu, avec de l'herbe folle qui pousse sur un petit massif placé sur le côté de la scène. Sur le banc : Marie-Cat, Monsieur Jean, Charles-Albert. Doux-Jésus est debout dans l'allée et leur fait face. 
                                              
 
Doux-Jésus 
 Demain c'est l'anniversaire de notre mère supérieure mon doux Jésus, avez-vous pensé à son cadeau ?
 
Monsieur Jean 
 Je n'ai plus rien à offrir et comme on nous interdit d'aller en ville... Tout ce qui me reste d'autrefois c'est mes nippes. Vous ne voulez pas de mes nippes ma pauvre Doux-Jésus ?
 
Doux-Jésus 
 Ne m'appelez pas ainsi. J'ai un nom, mon doux Jésus, je m'appelle Marie-Ange de l'Arrivée de la congrégation des Sœurs Byzantines. Enfoncez-vous ça dans votre crâne de plomb.
 
Monsieur Jean 
 Sœur Marie-Ange de l'Arrivée c'est trop long, je préfère Doux-Jésus. A propos, c'est quoi ces Sœurs Byzantines ? Depuis le temps que je me pose la question.
 
Doux-Jésus 
 Notre congrégation s'est séparée en 1675 de la branche principale des Sœurs du Saint-Sépulcre réformé, le jour où notre fondatrice, Sainte Nina Légrossin, s'est rendu compte dans une vision panoramique du paradis qu'elle eut un vendredi soir, juste avant de se rendre à la chapelle, que notre Seigneur n'était pas assis à la droite du Père, comme l'on croit, mais à sa gauche. Vous vous rendez compte du bouleversement, Jésus était à gauche !
 
Monsieur Jean (ironique)
 C'est une révélation en effet, et de la plus haute importance.
 
Doux-Jésus 
 Ça a fait un foin terrible et le pape d'alors nous a interdit de porter les vêtements blancs et noirs des sœurs du Saint-Sépulcre, mais il a malgré tout accepté le schisme. Nina Légrossin était sa cousine et cela nous a beaucoup aidés.
 
Charles-Albert
 N'avez-vous pas encore un petit cadre posé sur votre commode, monsieur Jean, avec la photographie d'une femme à l'intérieur ?
 
Monsieur Jean
 C'est ma foi vrai, je n'y pensais plus.
 
Doux-Jésus 
 Je suis persuadée qu'il plaira à notre mère. Pensez que notre mère distribue tout à ses pauvres, c'est une bonne action que vous faites. Et puis il n'est pas bon pour le moral des pensionnaires, mon doux Jésus, qu'ils détiennent trop d'objets personnels. C'est dans le règlement.
 
Charles-Albert 
 Ça ne risque pas de se produire...
 
Monsieur Jean (à Doux-Jésus)
 Prenez-le, ce cadre, ça me débarrassera. A chaque fois que je le vois, j'ai envie de pleurer.
 
Charles-Albert 
 Moi, je vais offrir un livre. Il m'en reste quelques-uns. De quoi tenir encore une dizaine d'anniversaires de notre bien-aimée mère ; que le Seigneur serait bien avisé de rappeler auprès de lui quand ma bibliothèque sera vide... C'est le bon Saint-Pierre qui sera content quand elle arrivera dans son paradis, s'il a des sociétaires qui font du bordel sur leurs nuages, il peut être certain qu'elle les mettra au pas. 
 
Doux-Jésus 
 Je préfère ne pas comprendre vos méchants sous-entendus monsieur Charles-Albert ! Et vous Marie-Cat que donnerez-vous ?
 
Marie-Cat 
 Oh moi, j'ai de la dentelle dans mes bagages. Un joli napperon lui plairait-il ?
 
Doux-Jésus
 Je comprends qu'il lui plaira !... Pensez aussi, tous les trois, à travailler un peu pour la communauté. Vous êtes là, mon doux Jésus, les bras ballants toute la journée à regarder voleter les moineaux comme trois épouvantails dans un champ de navets, alors que même les impotents font un petit quelque chose dans la mesure de leurs forces.
 
Monsieur Jean se lève et fait quelques pas pour se dégourdir les jambes.
Monsieur Jean
 On le connaît votre travail ! Fabriquer des poupées horribles et peinturlurer des calendriers nauséeux pour les vendre à la kermesse annuelle. Et le jour de la kermesse, monter tout un tintouin de stands et une estrade décorée de petits drapeaux et de fleurs en papier pour que le maire y fasse un discours sur la vieillesse tranquille et heureuse. Pouah ! L'entendre une fois de plus citer cet âne d'Hugo. (Il imite la voix pompeuse du maire) "Le jeune homme est beau mais le vieillard est grand". Hugo aurait dû venir à la Maison des Oiseaux avant d'écrire une pareille sottise. Le vieillard est faible ! Le vieillard est seul, ça oui. Sans oublier son baratin répugnant sur les déshérités, les sans domicile, les sans ceci et les sans cela, tout ça pour nous prouver que tout compte fait, c'est encore nous les mieux lotis. Comme si nous n'avions pas connu déjà tout ça nous autres, dans le temps.
 Et les prestations de notre chorale l'après-midi ! En voilà un grand moment de bel canto ! Juste après le discours du maire en plus, de quoi faire regretter ses dithyrambes. Nos pauvres choristes chantent si faux que l'on dirait les glapissements d'une nouvelle espèce zoologique... N'oublions pas non plus le five o'clock de Justine ! Sa tisane tiède et ses cakes moisis que nous devons chipoter en compagnie des conseillers municipaux qui n'ont qu'une idée en tête c'est de foutre le camp au plus vite pour retrouver leur maison, leurs moutards et leur télé. Tenez Doux-Jésus, j'aime encore mieux aller à confesse matin et soir que de travailler pour cette foutue kermesse. Au moins, dans la chapelle, je suis au chaud l'hiver et au frais l'été. Ce qui n'est pas le cas de vos ateliers.
 
Charles-Albert 
 Si encore ça servait à améliorer l'ordinaire, ces ventes.
 
Monsieur Jean 
 C'est vrai. Tenez, hier, je n'ai même pas eu ma ration de vin parce que je suis arrivé en retard au repas de midi. On dirait qu'il y a moins de repas que de pensionnaires. Il y en a toujours un qui est privé de dessert, de vin, de camomille, ou de soupe. C'est lassant à la fin.
 
Doux-Jésus 
 Je n'y suis pour rien, mon doux Jésus, c'est mademoiselle Justine. Elle est dure ! Oui, pour être dure, elle est dure ! C'est qu'elle a eu une jeunesse très malheureuse auprès d'un tuteur qui s'est trop occupé d'elle. On peut dire qu'elle en a connu des misères, alors elle se venge. Il faut lui pardonner comme à tous les pécheurs. Reconnaissez quand même que je vous aide chaque fois que je le peux.
 
Charles-Albert 
 On le reconnaît volontiers. On peut même dire que vous êtes une amie. Un peu rapace, mais cela n'a guère d'importance. Comme on dit ici, les pensionnaires passent...
 
Monsieur Jean 
 Trépassent.
 
Charles-Albert 
 Quoi ?
 
Monsieur Jean 
 On dit : Les pensionnaires trépassent mais les "oiseaux" passent.
 
Charles-Albert 
 C'est cela... Maintenant je ne sais plus où j'en étais.
 
Doux-Jésus 
 Vous disiez, mon doux Jésus, que j'étais une amie, monsieur Charles-Albert.
 
Charles-Albert (se lève)
 J'ai dit ça moi ? Peut-être... Comme c'était agréable dans le temps de se souvenir de tout, de se lever le matin frais comme une glace à la vanille, de respirer l'air du bon Dieu et de gambader sans souci le reste de la journée. Sans penser un seul instant à ce qui vous arrivera plus tard, cette maudite vieillesse et tout ce qui va avec.
 
Marie-Cat 
 A quoi pensez-vous donc ?
 
Charles-Albert
 Vous le savez bien. Les pensionnaires trépassent... (Il se rapproche de Doux-Jésus) Dites Doux-Jésus, comment c'est après le trépas ?
 
Doux-Jésus 
 Et bien, on est assis près du Seigneur, lequel naturellement est à gauche de Dieu le père...
 
Monsieur Jean (à l'écart mais faisant face au groupe) 
 Il doit y avoir du monde à cet endroit. Comme dans le virage d'entrée du Parc des Princes le jour de l'arrivée du tour de France. Il y avait en général tant de spectateurs qu'on ne voyait même plus les coureurs.
 
Doux-Jésus (les mains jointes et les yeux au ciel) 
 Et on chante des cantiques toute la journée, à la gloire de Dieu. On n'a pas faim car on est rassasié, on n'a pas soif car on est désaltéré, on n'a pas froid car on est réchauffé...
 
Marie-Cat, toujours assise se met à rire et allonge ses jambes sur le banc.
 
                                               Marie-Cat
 Vraiment, c'est ainsi que cela se passe ? On s'y emmerde en fin de compte.
 
Doux-Jésus
 On ne sait pas, mon doux Jésus, ce qu'est l'ennui, car le temps ne compte pas.
 
Charles-Albert 
 C'est comme mon chat. Quand je pars en vacances...
 
Monsieur Jean 
 Partais en vacances...
 
Charles-Albert 
 Merci. Quand je partais en vacances avec ma femme, il nous attendait. A notre retour, il était là devant le garage, à lisser ses poils et à ronronner, comme si nous n'étions jamais partis. Pour lui le temps ne comptait pas.
 
Marie-Cat 
 Donc, le paradis, c'est une vie de chat !
 
Monsieur Jean
 Si l'on en croit Doux-Jésus, ce doit être ça. D'ailleurs pour vous ce ne sera que plus facile de vous y faire, avec le Cat de votre prénom, Marie-Cat.
 
Marie-Cat 
 Cat ne veut pas dire chat ou Catherine, mais catin. Ma mère m'appelait ainsi, par dérision quand j'étais petite. Je l'ai repris en venant ici, je trouvais que cela m'allait bien. Mais le paradis à côté du Seigneur moi, je m'en fous. Tout ce que je voudrais aujourd'hui, c'est revoir la mer et le Rocher de la Vierge.
 
Monsieur Jean (pour lui-même)
 Le paradis, le paradis, c'est pourtant ce que je promettais aux autres dans le temps. Ecoutez-moi, lisez-moi, obéissez-moi, je leur disais, et nous bâtirons le paradis sur terre ! Pour mille ans. Un drôle de paradis, oui. On ne se méfie jamais assez des mots. A vrai dire, le paradis de Dieu est la dernière des terres inconnues à découvrir, le seul voyage qui me fasse encore rêver aujourd'hui. 
 
Charles-Albert 
 Etes-vous même certain de le mériter ?
 
Monsieur Jean 
 Qu'est-ce que je dois mériter ?
 
Charles-Albert 
 Et bien le paradis, pardi.
 
Monsieur Jean (au bout d'un temps de silence durant lequel il réfléchit en regardant le sol)
 Non, je ne le mérite pas. C'est vrai.
 
Doux-Jésus 
 Vous commencez à blasphémer tous les deux, mon doux Jésus ! C'est du domaine du grand Juge que de savoir qui le mérite ou non. Je préfère m'en aller que de continuer à vous écouter. (Elle sort sa montre de sa poche de jupe). D'ailleurs l'office du soir ne va pas tarder, il faut que je me grouille, mon doux Jésus, je dois balayer la chapelle et allumer les cierges. Je vais me faire enguirlander si ce n'est pas fait. (Elle s'en va précipitamment).
 
Marie-Cat (repliant ses jambes sous elle)
 Le temps absout tout Monsieur Jean.
 
Monsieur Jean (s'assoit près d'elle)
 Le temps peut-être, mais la mémoire elle, n'absout rien.
 
Marie-Cat 
 C'était si grave que ça ?
 
Monsieur Jean
 Pour moi c'était très grave. Vous savez Marie-Cat, ici, dans la Maison des Oiseaux, nous ne sommes pas au bagne ou dans une prison. Nous sommes seulement rassemblés dans l'antichambre de la mort. On est là pour l'attendre. Dans la seconde qui vient, ce peut être vous, ce peut être Charles-Albert, moi ou même Doux-Jésus. C'est écrit quelque part, dit-on, pour tout le monde, mais il faut voir les choses en face, à nos âges c'est écrit en grosses lettres, en très grosses lettres, en lettres énormes. Aussi, quand je dis grave en parlant de ces choses, je pèse mes mots et je ne fais pas le fanfaron. A quoi cela me servirait-il d'ailleurs ?
 
Charles-Albert (debout devant le banc) 
 Je ne dirais pas prison, moi, mais orphelinat. Nous sommes orphelins de nos familles.
 
Marie-Cat 
 Vous avez des enfants Charles-Albert ? Vous n'en parlez jamais.
 
Charles-Albert 
 C'est qu'il n'y a rien à en dire. Des français moyens, c'est comme ça que nous les surnommions ma femme et moi. On peut dire que tant qu'ils furent petits ça allait à peu près, mais les choses se sont gâtées avec l'arrivée des gendres et des belles filles. Seigneur quels imbéciles et quelles idiotes ! Invariablement, leurs conversations commençaient par : "Il faudrait interdire"... Interdire est le seul verbe qu'ils savaient utiliser à tous les temps. Tout y passait, les pédés, les curés, la chasse à la baleine, les corridas espagnoles, les putes sur la voie publique, en raison de la concurrence des ménagères de moins de cinquante ans peut-être, le déboisement, les impôts, les chats bigles, le touche pipi à l'école, les photos de filles à poil dans les cabines des routiers et tutti quanti... De vrais mères et pères Fouettards. Il fallait voir les repas de famille. Ma femme et moi nous rongions notre frein, nous qui nous étions battus toute notre vie pour être libres et voilà que ceux-là arrivaient avec leurs menottes, leurs matraques et leurs cachots.
 Encore que d'interdire de déboiser ou de chasser, ce ne soit pas trop grave. Mais si on les avait laissé faire, ils  auraient interdit de penser différemment qu'eux. Car ces cervelles de têtards prétendaient aussi penser. "Je pense que" disaient-ils pompeusement à chaque fois qu'on leur demandait leur avis, même quand il était simplement question de savoir si on mettait une noix de beurre dans la purée, il fallait qu'ils commencent par "Je pense que". Je pense que, « jepensequeue ». A la maison, quand ils étaient là, il était impossible d'avoir une opinion contraire à la leur, de dire autre chose que ce qu'ils aimaient entendre, de lire autre chose que les niaiseries dans lesquelles ils se reconnaissaient. Nul ne pouvait prétendre aimer différemment qu'eux, ces porcs et ces truies sans imagination.
 Et puis, avec ça, toujours prêts à vous faire des entourloupettes, des malhonnêtetés ! Ils appelaient ça : "Le droit des uns à empoisonner les autres !" Les autres ? Les trois quarts du temps, c'était ma femme et moi... Car nous leur devions tout, sous prétexte que leurs bécasses portaient en elles un avorton qui allait leur ressembler. Comme si la terre entière devait leur être reconnaissant d'être là, en train de respirer son air et de déféquer sur son sol avec pour seul but celui de perpétuer l'espèce. Une bande de mammifères rien de plus.
 
Marie-Cat 
 C'est bien triste ce que vous dites là.
             
Charles-Albert 
 Attendez la suite. Figurez-vous qu'un jour, je mets dans le même sac mes fils et leurs épouses, ou leurs compagnes comme on dit aujourd'hui, figurez-vous donc que ces niais se sont mis à plusieurs pour acheter un bar-restaurant, avec l'argent que je leur avais prêté. Mais bien content de le leur prêter, je le jure, j'espérais au moins qu'ils se rendraient utiles. Bien situé ma fois, leur restaurant. Au début ça marchait très fort, si bien que ça leur a donné la grosse tête. On est les patrons disaient-ils, on fait ce qu'on veut ! Et vas-y que je m'envole pour les Bahamas ou l’île Maurice, et pas pour un week-end, pour deux semaines. Vas-y que je m'habille chez le meilleur tailleur, que j'achète bijoux et montres Cartier, cabriolets Jaguar et motos. Au bout de deux ans, ils se sont retrouvés sur la paille avec des dettes jusqu’au cou. L'État paiera, disaient-ils, ces crétins insouciants. En fait d'État, c'est moi qui ai réglé l'addition. Et puis chicaniers avec ça, toujours en disputes entre eux ou avec leurs voisins, toujours prêts à lâcher leurs chiens ou à sortir leurs fusils. Ils n'ont toujours pas compris que la guerre du feu était terminée, même dans leur tribu de zozo... Vous avez raison de trouver ça triste.
 Vous me direz Marie-Cat, vos enfants, c'est vous qui les avez élevés. Mouais, mais nous n'étions pas seuls, il y avait l'école par exemple qu'ils ont fréquenté dès l'âge de deux ans. Ça leur apprendra à vivre en société, disait ma femme. La société justement a sa part de responsabilité quand elle fabrique ces couillons affamés qui croient qu'il suffit de piquer dans la poche du voisin pour régler tous les problèmes. Le vol considéré comme un comportement social de base. Mais le pire c'est que leurs petits leur ressemblent... Au début, je me disais que ces petits-là, avec leurs yeux brillants et leurs sourires simples et gentils, seraient moins sots que leurs géniteurs, qu'ils prendraient le temps de réfléchir sur le monde et sur eux-mêmes. Je pensais aussi qu'un jour nous serions ensemble et que je leur apprendrais le peu que je sais. Mais rien, que dalle. Dès l'instant où j'ai refusé une seule fois de sortir mon chéquier, j'ai cessé d'exister.
 
Marie-Cat 
 Dans le journal, hier, on expliquait que ça allait empirer. Une sorte de vie à l'Américaine, écrivait le journaliste, avec des besoins de plus en plus étendus qui nous placent sous la coupe réglée des marchands.
 
Charles-Albert
 J'aurais voulu, comme tous les pères que mes enfants sortent du lot, qu'ils soient grands et que j'en sois fier. Aussi, après la mort de ma femme, elle est morte de chagrin la pauvre ou tout comme, quand ils ont exigé leur part d'héritage et avant qu'ils ne se battent, j'ai tout vendu et j'ai fichu le camp.
 
Monsieur Jean  
 C'est comme ça et ça ne changera plus ! Prenez en votre parti Charles-Albert et vous aussi Marie-Cat. Dans le fond, je me dis, en vous écoutant que j'ai bien de la chance d'avoir vécu seul. Et pourtant, parfois j'ai quand même des regrets... A votre tour Marie-Cat de nous parler de vos enfants ?
 
Suit un silence durant lequel Marie-Cat est plongée dans ses pensées.
 
Marie-Cat 
 Irène est très belle et très intelligente. Elle est jeune. Elle vit à l'étranger et elle ne peut venir me voir que pour les fêtes.
 
Charles-Albert 
 Mais, il y a peu, c'était Noël et elle n'est pas venue ?
 
Marie-Cat 
 J'ai remarqué ça, moi aussi.
 
Monsieur Jean 
 Vous n'avez qu'elle ?
 
Marie-Cat
  Oui. (Au bout d'un temps) Mais elle va venir. Bientôt... Elle me l'a promis... Je lui demanderai de m'emmener avec sa voiture au Rocher de la Vierge. (Elle se met à pleurer en silence).
 
Monsieur Jean (gêné) 
 Je vous ai traité de folle ce matin, et bien ce n'était pas vrai. Vous avez cent fois raison, Marie-Cat, de vouloir retourner voir la mer, si c'est là votre bonheur.
 
Mademoiselle Justine apparaît au fond de la scène, devant la porte vitrée les mains en porte-voix.
 
Mademoiselle Justine
 Allez ouste les papys et les mamies, venez prendre votre goûter ! Le dernier arrivé n'aura pas de chocolat.

à suivre,