Jean-Bernard Papi, romancier, essayiste, nouvelliste et poète

                                                La littérature est un art de combat.  

La Sorbonne, Eschyle et les Nuls.

Dimanche 31 Mars 2019
La Sorbonne, Eschyle et les Nuls.
  Le 25 mars de notre prodigieuse année 2019, si fertile déjà en âneries de toutes sortes, monsieur Philippe Brunet, professeur de grec et spécialiste de grec ancien en Sorbonne, décide de monter et présenter une pièce d’Eschyle dans ce même établissement (Amphi Richelieu). Il décide aussi de la faire jouer dans la langue de l’époque, une langue que seuls les initiés peuvent comprendre, et de faire porter des masques aux acteurs ainsi que cela se faisait à l’époque. La pièce s’intitule « Les Suppliantes » et fut écrite vers 455 avant JC. Il y est question de cinquante vierges qui fuient le mariage avec leurs cinquante cousins comme l’a décidé Egyptos le père de ces messieurs. Elles fuient leur pays, la Lybie, par la mer, guidées par leur père Danaos jusqu’au rivage du roi Pélasge qui leur fait un accueil compréhensif. Pourquoi fuient-elles ? Parce qu’elles veulent décider par elles-mêmes de leur destinée et que l’inceste n’est pas leur fort. Retour à l’actualité.
  Une bande d’incultes, qui passaient par là, s’arrogent le droit d’interdire la pièce au motif que les masques sont (peut-être) noirs. Ils craignent que le metteur en scène ridiculise les noirs à l’aide du « blackface », ou grimage en noir, (1) comme dans les shows américains au 19ème siècle. Ils auraient été bleus ou roses, ces masques, comme à Venise, que nos incultes auraient saisis le sens profond de la pièce et auraient peut-être même applaudi. À condition toutefois que le grec ancien figurât dans leur vocabulaire à l’égal des sociolectes du rap ou du « verlan ».
  Ces furieux humanistes appartenaient et agissaient au nom de la Ligue de défense noire africaine (LDNA). Voyons combien de fois Eschyle utilise le mot noir dans « Les suppliantes » : La noire destinée des races mortelles- les nefs aux noirs rameurs- membres noirs sous des vêtements blancs et enfin noire et grande année. Peut-être ai-je oublié un « noir » dans cette pièce subtile, généreuse et si actuelle quand on pense aux mariages forcés. (Chez les noirs)
  Aussitôt cette LDNA a reçu le soutien de la Brigade anti négrophobie et du Conseil représentatif des associations noires (DNA). Cette même association qui voulait chasser Colbert des livres avait intenté un procès à Monsieur Sellière au motif que ses ancêtres possédaient des navires négriers. Elle s’était plainte auprès de Nicolas Sarkozy des difficultés que ses ouailles éprouvaient à réussir la partie Culture générale des concours d’accès à la fonction publique… On comprend mieux aujourd’hui le sens de la démarche.
Terminons par cette phrase des Suppliantes qui s’adressent aux dieux : « Ne laissez pas s’accomplir ce qui est contre la justice. Soyez les ennemis de la violence. » Cette phrase s’adresse aussi aux imbéciles qui décident hors de propos !
 
Jean-Bernard Papi ©
 (1) Nous les invitons à se mobiliser autour des casernes car les soldats sont souvent « blackfacés » dans les manœuvres de nuit.
Référence :  Les Suppliantes, traduction de Leconte de Lisle[JP1] .

Addenda :
On imagine cette affaire unique mais pas du tout ! Le 8 mars de cette année à Chatillon sur Chalaronne dans l’Ain, devait avoir lieu une conférence organisée par La Libre pensée (société laïque), elle avait pour thème « Kurdistan syrien, le Rojava aujourd’hui » par Rafael Lebrujah, écrivain. Sous la pression des turcs pro Erdogan résidents en France et après leur intervention musclée devant la porte de la salle de conférence, celle-ci a été finalement annulée au prétexte que Erdogan estime que les Kurdes syriens, nos alliés, sont des terroristes dangereux pour la Turquie. Rien n’arrête les abrutis comme on peut le voir.

Partagez sur les réseaux sociaux

Commentaires :

Laisser un commentaire
Aucun commentaire n'a été laissé pour le moment... Soyez le premier !